Chers amis,
L’attitude pour l’essentiel favorable de l’Inu dans les débats concernant la mise en chantier de la loi pour l’aménagement du territoire abordée le 7 février à l’Assemblée, a créé un obstacle déterminant au combat de la minorité hostile à ce projet. C’est ce que m’ont affirmé des parlementaires dignes de foi de la DS, comme il en était du reste évident à la lecture des comptes-rendus, qu’ils soient de source parlementaire ou provenant de l’Inu.
L’Institut national de l’Urbanisme, dont je m’honore d’avoir été le Président pendant dix années, s’est sali d’une façon qui me paraît très grave. Il a donné son aval à une loi qui annule soixante années de lutte incessante pour un urbanisme moderne et européen, fondé sur le rôle essentiel d’une administration publique, sur la prévalence des intérêts collectifs, sur le rapport étroit entre la planification du territoire et la tutelle du paysage, et sur la reconnaissance du droit de tous les citoyens de la république à des services et des espaces verts. Ce sont des principes que l’Inu a défendu pendant des dizaines d’années, proposant pour les atteindre des instruments appropriés, et obtenant quelques résultats.
Je me rends parfaitement compte que l’appui de l’Inu à la pire loi urbanistique imaginable n’est que l’élément le plus marquant d’un silence bien plus général concernant les fondements de l’Urbanisme.
Un silence assourdissant du milieu académique (au sein duquel il semble que les principes fondamentaux des politiques publiques de transformation des territoires soient devenus une des options que l’on peut choisir, et où toute l’attention est désormais consacrée aux techniques de péréquation, d’évaluation, et de négociation qui ont remplacé la connaissance nécessaire des aspects structuraux de l’urbanisme).
Mais aussi un silence peut-être moins injustifiable, mais plus préoccupant dans le domaine politique, là où le lien entre la planification urbaine, la pratique de la démocratie, et les conditions de vie des citoyens s’est perdu. À telle enseigne que désormais on affirme que l’urbanisme est une question sectorielle, réservée aux seules compétences des urbanistes professionnels.
Et c’est un silence qui s’étend ensuite au champ de la culture, aux autres savoirs, sourds hier comme aujourd’hui aux fondements d’une politique publique de transformation du territoire.
Je ne sais pas quel écho rencontrera dans votre intelligence ce que j’écris. Et je ne sais pas si vous partagez ma préoccupation au sujet de la loi qui est en cours d’approbation. Si vous ne la connaissez pas, je vous invite à lire l’appel «Halte à la loi Lupi», que je m’emploie à diffuser. Si vous êtes d’accord avec l’appréciation qu’il exprime, après l’avoir lu, vous pourrez envoyer votre adhésion à cet appel, à moi-même : eddyburg@tin.it
Edoardo Salzano (trad. de Patrice Rauszer)